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Notes lexicologiques en vrac
 
 
UPV

 

En attendant peut-être mieux d'un point de vue technique et organisationnel, il m'est apparu nécessaire de regrouper ici quelques notes de type lexicologique en vrac provisoire.

 

 


Contrairement au français qui accentue oralement tous les mots sur la dernière syllabe, l'espagnol, avec plusieurs accents toniques à sa disposition, connaît parfois le doute, notamment dans le domaine des emprunts. Nous savons par exemple que chauffeur a donné chófer (paroxyton) en espagnol péninsulaire et chofer (oxyton) en espagnol d'Amérique. Tout récemment, la Fundación del Español Urgente précise qu'en espagnol deux autres accentuations sont acceptables : vóleibol (esdrújula) y voleibol (aguda). Vóleibol ou voleibol est l'adaptation graphique en espagnol de l'anglais volleyball, et les variantes voleybol ou voleyball (hybrides de l'anglais et de l'espagnol) ne sont pas acceptables. La forme courte vóley est aussi utilisée pour désigner ce sport et c'est elle qui appparaît dans vóley-playa, qui peut également s'écrire en un seul mot : voleiplaya. La traduction de volleyball par balonvolea est aussi valable, mais son usage en espagnol est rare étant donné que les fédérations de ce sport ont opté pour la forme voleibol ou vóleibol, au choix.


La Fundación del Español Urgente recommande que le terme sintecho s'écrive en un seul mot, sans italiques ni guillemets, sur le modèle de sinfín, sinrazón ou sinvergüenza et suivant l'exemple du Nuevo diccionario de voces de uso actual, de Manuel Alvar Ezquerra et du Diccionario de uso del español, de María Moliner. Son pluriel est invariable. Ainsi pourra-t-on lire : «El Ayuntamiento de Madrid reconoció hace unos días que al menos 30 sintecho viven en las terminales del aeropuerto de Barajas». Le français est moins déterminé de ce point de vue puisque l'on dit des sans-abri ou bien des sans-abris.


La même Fundación del Español Urgente précise que l'on doit écrire en espagnol des jemeres rojos, et non pas des khemeres rojos. Il est à noter au passage que le nom du groupe ethnique en question est d'origine française : khmer.


Pour traduire balayer devant sa porte, le Gran diccionario Larousse francés-español propose poner sus cosas ou asuntos en orden, avec comme exemple : fr. tu dois balayer devant ta porte avant de montrer les autres du doigt > esp. pon tus asuntos en orden antes de señalar con el dedo a los demás. C'est bien, mais il y a mieux avec barrer su casa : Rajoy insta al Presidente del Gobierno a "barrer su casa" si quiere luchar contra la corrupción. (Source : El País.com, 13-05-2007). Cet emploi, signalé à l'époque comme marginal (ou du moins inhabituel) par les guillemets, a tendance aujourd'hui à se généraliser (d'après nos observations sur Internet) avec le sens figuré qui est le sien dans cet article.


On emploie familièrement pour signifier 'accabler' ou 'harceler de' la locution verbale bombarder de. le Gran diccionario Larousse francés-español propose dans ce cas acribillar a ou inundar de, mais il existe une traduction encore plus "simple" et morphologiquement plus proche de la tournure française : bombardear con. Exemple : Mientras sigan existiendo los jefes de Prensa de los ministerios o sigan creyendo que su misión es bombardear con correos electrónicos, faxes e imperativas llamadas telefónicas las redacciones de los telediarios para que las cámaras estén presentes en los importantísimos actos a los que asisten sus jefes no serán posibles la imparcialidad, la objetividad, la independencia ni, lo que es peor, la despolitización de los telediarios. (Periodista Digital, 29-04-2004).


En accord cette fois avec le Gran diccionario Larousse francés-español, nous traduisons ici la locution nominale bureau de vote par colegio electoral et nous ajoutons l'exemple suivant : Desde la medianoche de ayer está prohibida en Francia la publicación de sondeos o de estimaciones de voto. Nuevas encuestas podrán publicarse cuando cierren los colegios electorales, a las 20.00, hora peninsular española, de mañana domingo. (El País.com, 05-05-2007).


Pour ceux qui estiment (peut-être bien) à juste titre que l'espagnol "digère" mieux les anglicismes que le français, voici un nouvel exemple de cette tendance. La Fundación del Español Urgente rapelle que les différentes Académies de la langue espagnole ont proposé cáterin comme espagnolisation de ang. catering. Ainsi, dans le médias espagnols, la forme catering apparaît-elle sans aucune marque qui l'identifie comme mot étranger : «Iberia renueva el catering de la clase turista en sus vuelos más largos»; «Se suma a la huelga el departamento de catering». Pour remplacer cette forme anglaise, le Diccionario panhispánico de dudas, de la Real Academia Española y la asociación de Academias de la Lengua Española, propose d'employer l'adaptation cáterin (invariable au pluriel : los cáterin), et la définit comme 'servicio de suministro de comidas y bebidas a aviones, trenes, colegios, etc.'. La Fundéu BBVA recommande d'adhérer à cette proposition académique en substitutant le mot anglais catering par la forme cáterin. Il est tout de même précisé que si l'on désire utiliser le mot étranger on doit en principe le marquer en tant de tel, en italiques ou, à défaut en le faisant apparaître entre parenthèses (entrecomillándolo : voici au passage un verbe "simple" qui n'existe pas en français). En français justement, l'anglais catering s'oppose dans divers domaines face à cantine et reste tel quel : catering... «Grâce à l’acquisition d’un savoir-faire certain en matière de restauration, l’Usine a développé une prestation de catering et a pu répondre ainsi à de nombreuses demandes». Même au pluriel : «Déclaration à la préfecture des Hauts-de-Seine. COMPAGNIE RUE DE BERLIOZ. Objet : organiser et promouvoir les spectacles créés et montés par la Compagnie Rue de Berlioz ; produire ou co-produire le cas échéant des enregistrement discographiques ; organiser et gérer les tournées de la Compagnie Rue de Berlioz ou le cas échéant d’autres artistes ; gérer les contrats relatifs aux spectacles, enregistrements discographique, captation audiovisuelles (télévision ou DVD) de la Compagnie Rue de Berlioz ou le cas échéant d’autres artistes ; organiser et gérer les caterings (collations, déjeuners, dîners) de la Compagnie Rue de Berlioz, ou prendre en charge les caterings d’autres compagnies qui nous solliciteraient.»


L'expression créneau horaire que l'on emploie pour évoquer le temps d'antenne réservé à une personne ou un groupe de personnes trouve son correspondant en espagnol en tant que franja horaria : Telecinco ha mudado (nuevamente) su serie estrella, «Los Serrano», en un nuevo insulto a su audiencia y a los anunciantes que sustentan la cadena poniéndola en el mismo día y franja horaria de la serie estrella de Antena 3, «Aquí no hay quien viva».  (Periodista Digital, 29-04-2004).


« New deal ». La Fundación del Español Urgente nous informe que cette expression a été de retour dans les médias à l'occasion de la rencontre entre Barack Obama et Gordon Brown pour affronter la crise économique actuelle. L'ensemble des mesures économiques prises par le président Roosevelt entre 1933 et 1937 pour tenter de pallier la crise économique de 1929 est connu sous cette appellation, « new deal ». Il s'agirait maintenant d'un nouveau « new deal ». Comme pour le grand public cette expression peut être mal connue, voire méconnue, il serait bienvenu de proposer quelques traductions possibles : nuevo pacto global, ou nuevo pacto mundial, ou encore acuerdo para un nuevo pacto, même si la locution anglaise est très répandue. La Fundéu BBVA recommande que l'on emploie, chaque fois que cela sera possible, les termes espagnols qui faciliteront la compréhension de l'information. Si c'est l'expression anglaise qui est choisie, elle devra être placée entre guillemets ou apparaître en italiques.


Lorsque l'on cherche à gaspillage dans un dictionnaire bilingue français-espagnol quelconque, on trouve : despilafarro, derroche, desperdicio ou encore pérdida. Or, la Fundación del Español Urgente recommande l'usage du néologisme malgasto, même s'il est encore absent des dictionnaires de langue espagnole. Pour la Fundéu BBVA, il s'agit d'un substantif qui est déjà bien entré en usage et que l'on rencontre facilement dans les médias, dans des phrases comme celles-ci : «El Gobierno busca soluciones para reducir el malgasto de agua»; «Un grupo de investigadores crearán un aparato que disminuye el malgasto energético»; «Uno de los problemas del Ayuntamiento es el malgasto del dinero público», etc. Malgasto est en outre un substantif bien formé en espagnol, à partir du verbe malgastar. Son usage en lettres rondes et sans guillemets est donc correct.


La locution nominale groupe pharmaceutique trouve son équivalent en espagnol sous la forme d'un mot simple : farmacéutica. Exemple : Dos farmacéuticas acuerdan bajar el precio de los fármacos antisida para 66 países en vías de desarrollo (elmundo.es, 09-05-2007).


La forme composée lèche-bottes (m. et f., invar.) se traduit en espagnol par un adjectif : pelotillero, a. Los españoles son los europeos más pelotilleros con el jefe. La picardía -según los bienpensantes- y el servilismo -según los expertos- se han convertido en elementos clave a la hora de conseguir beneficios y promoción en la empresa española. (Periodista Digital, 04-05-2008).


La Fundación del Español Urgente recommande d'éviter l'emploi de la forme anglaise lifting et d'utiliser à sa place le terme espagnol estiramiento. Beaucoup de gens considèrent inévitable le passage par un lifting pour éliminer les rides dues à l'âge ; mais d'un point de vue linguistique, les hispanophones peuvent bien éviter l'usage de ce terme anglais, même s'il sont déjà habitués aux mots terminés par -ing (marketing, catering, parking, handling). On pourra noter au passage que deux de ces quatre anglicismes (catering et handling) n'ont pas cours en français : ang. catering > esp. catering = fr. traiteur ou fr. service de ravitaillement des avions ; ang. handling > esp. handling = fr. personnel au sol (selon le Larousse 2007). En espagnol on peut par ailleurs traduire lifting par estiramiento facial ou plus simplement estiramiento, comme on le trouve dans la plupart des dictionnaires d'usage de l'espagnol actuel. La Fundéu BBVA recommande d'éviter lifting et d'employer à sa place estiramiento como en: «Berlusconi se hace estiramientos faciales e injertos capilares "por respeto a los demás"». À partir de cet exemple, on pourra remarquer aussi que l'espagnol économise un verbe là où le français en met deux : fr. se faire faire + SN (Syntagme Nominal) > esp. hacerse + SN.


En accord avec le Gran diccionario Larousse francés-español, nous traduisons ici l'expression ne pas mâcher ses mots par no moderse la lengua et nous ajoutons l'exemple suivant : Silvia Pisani, corresponsal en Madrid del diario La Nación de Buenos Aires, publica una entrevista a Juan Luis Cebrián, en la que el consejero delegado de El País y actual presidente de la AEDE no se muerde la lengua. -¿Lo sorprendió esa actitud del ex presidente? -No. Siempre hablé mal de Aznar. Es un hombre muy mediocre, con oportunismo de bandolero y principios morales de muy poca calidad… (Periodista Digital, 29-04-2004).


Question de parité. En parlant d'égalité notamment en politique, le français emploie le plus souvent le terme parité. Exemple (extrait de Wikipédia) : En sociologie, le principe de parité a pour projet de lutter contre une disparité tant dans le domaine de la représentativité dans les institutions que dans les salaires. En espagnol l'équivalent direct paridad existe et peut être employé dans un contexte similaire : La paridad política entre hombres y mujeres tardará 40 años en consolidarse (source : ici). Il semblerait tout de même que le castillan préfère le plus souvent utiliser igualdad : La Universidad de La Rioja analiza el sexismo en el lenguaje y los usos pro igualdad (source : ici). D'un point de vue statistique, cet usage différent a l'air de se confirmer... 3490 occurrences sur Google (en date du samedi 7 mars 2009) pour paridad política contre 26700 pour igualdad política. En français, la tendance s'inverse avec 13100 occurences pour parité politique contre 6720 pour égalité politique.


En parlant de la pilule du lendemain, la Fundación del Español Urgente recommande l'usage de l'expression píldora del día siguiente au lieu de píldora del día después. Ce « día después » est un calque (ou une mauvaise traduction) de l'anglais the day after, qui en espagnol doit être traduit par « día siguiente ». La Fundéu BBVA conseille donc, même si la forme píldora del día después est déjà très répandue dans tout le monde hispanophone et recueillie comme admissible dans le Diccionario panhispánico de dudas, qu'on lui préfère la píldora del día siguiente, expression plus correcte.


Une zone à risque en matière de sécurité routière constitue ce que l'on appelle un point noir. En espagnol, on dit "simplement" punto negro : Según la DGT, un punto negro es aquel emplazamiento perteneciente a una calzada de una red de carreteras en el que durante un año natural se hayan detectado tres o más accidentes con víctimas mortales. (Periodista Digital, 11-05-2007).


Pour renoncer à on connaissait renunciar a... L'espagnol a aussi desistir de : Microsoft desiste de comprar Yahoo. (Periodista Digital, 04-05-2008).


Lorsque l'espagnol évoque un retournement (de situation), il emploie cambio (radical) ou giro, mais aussi vuelco : El diario de la calle Miguel Yuste lleva la noticia pequeña y en páginas interiores pero encabezada con una frase que ayuda a entender el vuelco ocurrido el 14-M en las urnas y la sorprendente victoria de Rodríguez Zapatero: "Los atentados influyeron en el voto de un 28,5% de los ciudadanos". (Periodista Digital, 06-05-2004).


Lorsque l'on cherche à séisme dans un dictionnaire bilingue français-espagnol quelconque, on trouve sans problème seísmo. Il faut pourtant savoir, comme l'explique la Fundación del Español Urgente, qu'en espagnol, pour nommer les tremblements de terre, il existe deux mots : sismo et seísmo ; le premier est employé en Amérique Latine, le second est le plus utilisé en Espagne. Ces deux vocables sont corrects et figurent dans le DRAE, mais le plus utilisé est en fait sismo, que l'on retrouve dans sismógrafo et sismología, par exemple. Quoi qu'il en soit, précise la Fundéu BBVA, dans les nouvelles pour l'Espagne il est préférable d'opter pour seísmo, la forme la plus habituelle dans ce pays.


Prenons le verbe français (d'origine anglaise) tester. La Fundación del Español Urgente (Fundéu) recommande d'éviter le verbe testar avec le sens de 'someter algo a una prueba o control' pour lui préférer d'autres verbes tels que controlar, probar ou ensayar. Cette recommandation semble d'ailleurs refléter l'usage : à partir d'une simple recherche Google, sur la forme testarlo par exemple (en parlant d'un objet quelconque), on remarque que cette forme apparaît, mais sur des pages italiennes... Le dictionnaire CLAVE quant à lui mentionne bien l'anglicisme testar ('Controlar o comprobar mediante un test': Se ha testado este medicamento y su eficacia ha quedado comprobada) ainsi que son synonyme testear. Ces deux formes sont en fait des calques inutiles de l'anglais et sont en voie de suppression du DRAE.


Le verbe traîner a plusieurs sens et donc plusieurs traductions possibles, mais lorsqu'il s'agit de traîner quelqu'un devant la justice, l'espagnol emploie llevar : En una democracia no todo es perfecto; se cometen errores, pero también en una democracia esos errores se investigan y la gente es llevada ante la justicia. (Periodista Digital, 06-05-2004).


En apposition, le nom féminin français vedette brille en espagnol sous la forme estrella : Telecinco ha mudado (nuevamente) su serie estrella, «Los Serrano», en un nuevo insulto a su audiencia y a los anunciantes que sustentan la cadena poniéndola en el mismo día y franja horaria de la serie estrella de Antena 3, «Aquí no hay quien viva». (Periodista Digital, 29-04-2004).


La Fundación del Español Urgente rappelle que les verbes visionar, ver y visualizar ont des sens differents. Un des sens du verbe visionar est 'examinar técnica o críticamente, en una sesión de trabajo, un producto cinematográfico, televisivo, etc.' et ne doit pas être employé avec le sens de ver lorsque ce que l'on veut dire est que l'on observe ou que l'on contemple quelque chose. C'est pourquoi une phrase telle que «Los españoles visionamos la televisión unos diez minutos cada hora» est incorrecte. Il faut dire dans ce cas «Los españoles vemos la televisión unos diez minutos cada hora». N'oublions pas au passage que l'on dit plutôt en espagnol «ver la tele» que «mirar la tele», emploi gallicisant (« regarder la télé ») ou anglicisant (« to watch TV »). Le verbe visionar quand à lui doit être employé uniquement lorsqu'il s'agit d'examiner des images télévisées ou cinématographiques d'un point de vue technique ou critique (par exemple : «El entrenador visiona vídeos de otros partidos para corregir los posibles defectos») ; et il ne doit pas être confondu avec visualizar, qui signifie 'hacer algo visible, generalmente por medios artificiales o en la pantalla de una computadora', 'representar algo mediante imágenes' y 'formar en la mente la imagen visual de algo'. Ainsi donc, la Fundéu BBVA pense qu'il est important de préciser que visionar, ver y visualizar sont trois verbes bien différents.


 

 

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