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Les émoticônes
 
 
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Le mot émoticône provient de la notion anglaise emoticon, un mot-valise composé à partir du terme emotion (que l'on traduit bien évidemment en français par émotion) et du vocable icon (c'est-à-dire icône). Une émoticône est une sorte de graphisme représentant une expression du visage dans le but de faire apparaître en un seul signe tel ou tel état d'âme. Ces petits dessins sont employés dans les messages électroniques envoyés via un email, et, de plus en plus, via un système de messagerie instantanée, un réseau social ou telle autre plataforme.

 

 

Les premières émoticônes étaient créées à partir d'une série de caractères ASCII. Elles représentaient des figures de personnes, généralement souriantes. Avec le temps, on a vu surgir de multiples sortes de ces "frimousses", dont il va être question dans les lignes qui suivent.


Voyons tout d'abord ce que nous disent nos "fameuses" statistiques lexicales (voir ici). Sur Internet, ce n'est pas le terme emoticon qui arrive en tête, mais son homologue smiley.

En français, il existe deux vocables concurrents : émoticone et émoticône. Contrairement à ce que beaucoup de gens pourraient penser, c'est la seconde forme la plus fréquente et on la trouve environ 3,5 fois plus souvent sur Internet que la première. Par ailleurs, il faut savoir que les deux termes en question sont reconnus par les instances de notre langue (voir par exemple le Petit Robert), mais que la recommandation officielle est tout de même émoticône, comme dans le titre de cette page. Ah, et émoticône est bien un mot féminin, contrairement au masculin émoticone.

En espagnol maintenant, l'adaptation de l'anglais laisse planer aussi quelques doutes. En faisant une simple recherche à partir de ce qui pouvait sembler être le plus fréquent, emoticón, j'ai pu constater que ce mot arrive largement en tête devant emoticono, plus de 5 fois moins fréquent sur le web. Mais à y regarder de plus près, on apprend ceci :

Las dos variantes tanto emoticono como emoticón son válidas para referirse al icono o ícono que en el argot informático intenta reflejar gráficamente el estado de ánimo del remitente: El emoticono o emoticón L significa ‘estoy triste’. Si emplea la forma emoticono, su plural es emoticonos; y si usa emoticón, al pluralizarlo lo convierte en emoticones. Ambas palabras vienen del inglés emoticon, combinación de emotion e icon, en español, emoción e icono: La forma emoticono se prefiere ante emoticón, justamente, porque la voz española equivalente al inglés icon es icono y no *icón. (Source : une page de Castellano actual).

Notons tout de même au passage que emoticono apparaît bien dans le Diccionario de le Real Academia Española, alors que emoticón non.

Par ailleurs, une recherche au pluriel (los emoticonos) nous donne cette solution comme étant aussi plus de 5 fois présente sur Internet que son concurrent (los emoticones).

Tout comme nous avons préféré émoticône (f.) à émoticone (m.), nous préférerons donc ici esp. emoticono à esp. emoticón.


Pour faire une petite parenthèse et un petit retour historique, rappelons-nous qu'en imprimerie plus "classique" il existait déjà des espèces de signes dont certains étaient utilisés comme les icônes actuelles, je veux parles des casseaux. Selon Wikipédia : « un casseau est une partie de la casse (une casse comprend deux casseaux, un pour les capitales ou haut-de-casse, un pour les bas-de-casse), ou une petite casse contenant des types particuliers ou peu courants. Par extension, le terme désigne aussi le contenu : un caractère mobile représentant un pictogramme, ou dingbat. Le dingbat est un symbole graphique ou une ornementation utilisée en typographie. Il existe des polices d'écriture spécialisées, dont les glyphes représentent de tels symboles et formes en lieu et place des caractères alphabétiques et numériques usuels. »

Voici les casseau qui illustrent la page en question de Wikipédia :

 

 

 

Parmi les polices de dingbats, on compte Wingdings, Webdings, Carta, Universal News & Commercial Pi et le célèbre Zapf Dingbats, conçue par Hermann Zapf, en... 1978 ! Cette date à elle seule explique le fait que presque tous ces symboles sont méconnus (voire inconnus pour certains), mais on reconnaît tout de même parmi eux certains symboles qui sont à l'origine d'émoticônes actuelles, comme ✌, qui apparaît d'ailleurs en antépénultième position du tableau illustratif qui se trouve un peu plus loins ci-dessous.

Je rappelle enfin pour clore cette parenthèse que ces caractères dits dingbat(s) sont ceux que l'on retrouve (de plus en plus nombreux et variés) dans la catégorie "Caractères spéciaux" de nos traitements de textes, entre autres applications.


Souvent employés en complément du langage SMS (voir ici sur ce point), mais pas exclusivement, les émoticônes actuelles représentent un "nouveau" bon moyen de "dire", ou en tout cas de faire passer une réaction, un émotion, etc., de façon très synthétique.

Au départ cantonnés aux simples caractères dit ASCII, acronyme usuel de American Standard Code for Information Interchange (Code américain normalisé pour l'échange d'information), comme par exemple le tout simple :) (deux points suivis d'une parenthèse fermante) pour signifier un approbation et un sourire, les émoticônes sont de plus en plus variés et sophistiqués. On assiste même à un genre de compétition entre les différents services en ligne (tels que Twitter, Instagram, Whatsapp ou encore Facebook (pour ne citer que ces quatre-là) pour attirer les usagers (friands de ce genre de petits "outils") vers eux plutôt que vers la concurrence.


Au départ utilisés pour exprimer des émotions simples, comme la joie ou la tristesse, les émoticônes se comptent aujourd'hui par milliers. Voici un petit échantillon de ce dont nous disposons aujourd'hui à portée de souris ou de doigt pour faire passer plus vite une réaction qu'il nous faudrait bien des mots pour parvenir au même résultat, si tant est que cela soit possible, car ces émojis (ces "binettes" pour d'autres) véhiculent quelque chose de chaleureux qui leur est bien propre par rapport au langage écrit traditionnel.

 

 

Leurs sens peuvent être multiples en fonction du contexte de leur utilisation et certains observateurs n'hésitent pas à parler d'une « langue riche et vivante ». Si cela vous semble exagéré, sachez qu'il existe (comme pour n'importe quelle langue ou presque) des dictionnaires des smileys (on trouve plus souvent ce terme que les autres dans cette catégorie). On pourra en voir quelques exemples en cliquant ici (pour un dictionnaire des premières émoticônes, en caractères ASCII), ou encore pour un recensement des plus modernes : « Tu trouveras ici tous les émojis Whatsapp disponibles et leur signification. Les catégories de smileys suivantes sont triées par groupe. Ces émojis peuvent être utilisés sur tous les appareils Apple, Android et Windows. Amuse-toi en découvrant le monde coloré des smileys Whatsapp ! ».


Un point à ne pas négliger non plus : toutes ces petites têtes jaunes (aujourd'hui) qui sourient ou grimacent ont (pour la plupart) une valeur universellement reconnue, ce qui est un argument de taille lorsque l'on veut s'adresser au plus grand nombre.

Au-delà de leurs (souvent) sympathiques petites frimousses, les émoticônes servent non seulement à abréger un message, mais elles le complètent, le transcendent aussi en quelque sorte. Inutile donc (ou presque) de dire que ces nouveaux éléments du langage écrit participent d'un phénomène de bien plus grande ampleur, je veux parler de la mondialisation.


Jean-Louis BARREAU, le 1er décembre 2018


 

 

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