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Question de genre
 
 
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Selon le Petit Robert, le genre est une catégorie exprimant parfois l'appartenance au sexe masculin, au sexe féminin ou aux choses (neutre). En français, c'est la catégorie de certains mots (nom, pronom, adjectif, article, participe passé) qui est soit le masculin, soit le féminin, et qui est exprimée soit par leur propre forme (au féminin, elle, la, recouverte, son amie), soit par la forme de leur entourage, par l'accord (le sort, la mort, des manches longues, une dentiste, l'acrobate brune).

 

 


No problemo ! Selon Wikipédia dans sa version anglaise, il s'agit-là d'une expression argotique utilisée et répandue en anglais nord-américain pour indiquer qu'une situation donnée ne pose pas de problème. Elle a à peu près la même signification que l'expression no problem. Cette expression est parfois employée comme exemple de "pseudo-espagnol", mais son usage en espagnol est incorrect ! Une traduction correcte serait par exemple ningún problema, sin problema ou no hay problema. On entend malheureusement trop souvent ce no problemo dans la bouche de certaines personnes qui croient en l'occurrence s'exprimer en espagnol...

De nombreux mots anglais d'origine latine ont évolué en -o en espagnol à partir du suffixe masculin latin -us, comme insecto, piloto, ou leopardo. Cependant, problème appartient à la série de mots terminés en a en espagnol, et dans ce cas précis c'est parce qu'il possède une terminaison grecque en 'ma', comme tema, teorema, et quelques autres qui sont bien masculins.


Autre question de genre en rapport avec l'étymologie, celle des mots qui ont un genre différent en français et en espagnol.

  • mots masculins en français et féminins en espagnol : le calme / la calma, le massacre / la masacre, le lait / la leche, etc.
  • mots féminins en français et masculins en espagnol : l'analyse / el análisis, la limite / el límite, la planète / el planeta, etc.

Il existe même des mots pouvant adopter les deux genres en fonction de la situation, c'est le cas par exemple de esp. mar, qui le plus souvent est masculin (el mar) pour désigner la mer en général, mais qui devient féminin notamment lorsqu'il s'agit de météo marine, où le commentateur hispanophone parlera de la mar pour désigner dans quel état elle se trouve.

En matière de genre aussi, ces différences parfois "sournoises" provoquent de nombreuses fautes dans l'usage, et ce particulièrement chez les apprenants de l'une ou l'autre de ces deux langues qui nous sont chères.


Il y a aussi le "problemo" des substantifs qui changent de signifié selon qu'on les utilise au masculin ou au féminin : el cólera = le choléra / la cólera = la colère ; el cura = le curé / la cura = la guérison ; el policía = le policier / la policía = la police, etc.

Il existe même des cas plus difficiles à expliquer, celui des mots, comme les suivants, qui ont le même signifiant dans les deux langues, mais dont le signifié diffère. Il faut alors avoir recours à une petite périphrase explicative entre parenthèses pour bien les différencier et les expliquer.

  • el frente = le front (à la guerre) / la frente = le front (partie supérieure du visage)
  • el guía = le guide (en tant que personne) / la guía = le guide (livre-guide touristique)
  • el orden = l'ordre (comme contraire de désordre) / la orden = l'ordre (l'injonction)

Autre "gros" écueil pour les non-hispanophones de naissance : pourquoi dit-on el agua alors que le substantif en question est féminin (on dit bien las aguas) ? Il s'agit au départ d'un problème essentiellement phonétique. En effet, l'espagnol refuse (en quelque sorte) la succession de deux sons [a] lorsque le second est tonique. Plus précisément, ce "refus" s'applique lorsque l'article la précède un nom commun féminin commençant par un [a] tonique, ce qui se traduit graphiquement par a tonique, ou bien ha tonique, puisque le h est muet en début de mot notamment. On ne dit donc pas *la alma, mais el alma ; *la hacha mais el hacha.

Attention, comme cela était sous-entendu un peu plus haut avec las aguas, lorsque quelque chose vient s'interposer entre les deux [a] (comme le [s] du pluriel dans cet exemple), le problème de cacophonie disparaît et l'on dit naturellement la clara agua (par exemple).

Par ailleurs, n'oublions pas non plus que si le substantif dont il s'agit n'est pas tonique à l'initale, l'interférence en question ne se produit pas non plus et l'on dit bien : la arittica, la artrosis, la harina. Nous avons souligné cette fois les syllabes toniques pour mieux montrer que la première ne l'est pas dans chacun de ces trois derniers exemples.


Ah, j'allais oublier (ou presque) : les noms des lettres de l'alphabet espagnol, contrairement au français, sont tous féminins ! On dit la a, la be, la ce... et même la hache, ce qui constitue d'ailleurs une exception à la "règle" vue ci-dessus. On entend trop souvent des étudiant(e)s dire par exemple, sur le modèle (illogique ?) du français : Esta palabra empieza por un a... non ! Una a, s'il vous plaît...


Jean-Louis BARREAU, le 24 novembre 2018


 

 

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